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Espace Musique: vivre la musique différemment 
 
 
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Un autre biais de communication

Petit historique 
 
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la musicothérapie n'est pas une découverte du XXème siècle. Dès l'antiquité, on utilise la musique comme un accompagnement aux rites religieux et aux rites de soins.
 
 
Au temps de l'Egypte ancienne par exemple, on utilisait des incantations pour guérir divers maux bénins, ainsi que nous le révèlent des papyrus médicaux datant de 2600 ans avant J.-C. 
 
Dans l'Ancien Testament, on relate l'histoire du Roi Saül, atteint de dépression, que David soigna en jouant de la cithare. Je cite, Samuel I, 16-23 "Voici qu'un mauvais esprit te cause des terreurs. Si tu veux, tes serviteurs pourraient trouver un homme bon joueur de cythare. Et lorsque le mauvais esprit se manifestera, cet homme jouera et cela te fera du bien.". On trouva David et "chaque fois que l'esprit assaillait Saül, David jouait de la cithare, Saül se calmait, le trouble se dissipait et la mauvais esprit s'éloignait."
On découvre que la musique apaise, exorcise les mauvais esprits, adoucit, on peut dès lors parler d'une musicothérapie sédative. 
 
Plus tard, l'an 340 av. J.-C.,en citant Platon La république livre III 401d, concernant les Effets de l'éducation par la musique, on découvre que l'on pense que "le rythme et l'harmonie sont particulièrement propre à pénétrer dans l'âme et à la toucher". 
 
Dès lors, on parle des propriétés harmoniques de la musique, avec pour concept l'harmonie de l'univers, par le biais de l'harmonie musicale, devenant harmonie intérieure, ou une sorte de métaphysique de la musicothérapie. 
 
Dans les cultures celtiques, les prêtres-médecins considéraient la musique comme une composante essentielle à la pratique des soins. 
Au Moyen-Age et à la Renaissance, on reconnaît l'importance de la musique dans la compréhension de l'univers et de l'humanité. Ainsi, sous le règne d'Elisabeth Ière, le médecin Thomas Campian passa à la postérité pour s'être servi de ses compositions musicales en vue de soigner certains troubles psychologiques, entre autre la mélancolie.
 
 
Edith Lecourt, dans son ouvrage intitulé "la musicothérapie, nous informe que (et je cite p.13) "les effets musicothérapeutiques relevés au cours des siècles sont, en effet, le rétablissement de l'équilibre perdu (équilibre moral, humoral, psychologique suivant ici la progression des théories médicales elles-mêmes), la stimulation, l'apaisement, la revitalisation. Dépression, mélancolie, ou états d'agitation sont les indications les plus souvent citées (ces concepts n'ayant d'ailleurs pas les mêmes acceptations dans l'Antiquité, au Moyen-Age, ou actuellement). On remarque à ce niveau que la musique est aussi bien prescrite pour éveiller et stimuler les émotions que pour les maîtriser et calmer les passions"
 
Il y aurait encore certainement beaucoup d'autres exemples qui prouveraient que depuis fort longtemps, on prête à la musique des vertus thérapeutiques. 
 
Le mot musicothérapie est employé et écrit pour la première fois entre les années 1860 et 1870, par un dénommé Casimir Colomb vivant à Los Angeles, aux Etats-Unis. 
 
Précisons qu'à la même époque, en Europe, on emprisonne les malades mentaux, considérés alors comme délinquants. Ce n'est qu'à la toute fin du XIXème siècle voire début du XXème siècle, que l'on découvre un aspect thérapeutique dans la lutte menée à l'encontre de certains cas de délinquance; on en déduit qu'il y a pathologie, et donc matière à soigner. C'est notamment grâce à Philippe Pinel, un des premiers médecin à développer cette spécialité, que la psychiatrie naît. 
 
Ce courant de pensée humaniste permet l'organisation de chorales et d'orchestres à l'intérieur même des hôpitaux, instituant des cours de musique pour les patients, et ceci pour des raisons exclusivement culturelles. 
 
Cependant, par la suite, la musique en tant que soins devient très prisée. En effet, "l'architecture" musicale, symbole d'ordre et de mesure, doit permettre un rétablissement de l'ordre moral et un comportement socialement adapté. Ainsi, la musicothérapie s'ouvre à un travail de groupe et tend, dès lors, à socialiser des personnes isolées par la maladie mentale. 
 
A la suite de la seconde guerre mondiale,les thérapies verbales apparaissent. Avec les progrès techniques de la médecine, les découvertes de la psychiatrie, de la psychologie et de la psychanalyse, le musicothérapie voit son champs d'application s'élargir. On découvre alors que la musique n'est pas seulement ni toujours un apaisement, mais qu'utilisée selon certaines techniques, elle s'avère être un mode privilégié de relation. La musique est là où la parole n'est pas. 
 
 
Musique et thérapie 
 
C'est à partir de ce moment là que l'on peut véritablement parler de musique et de thérapie. Du grec thérapeutès, thérapeute signifie servir. Dans l'histoire religieuse, thérapeutès représente un moine juif. 
 
Spirituellement, thérapeutès est le nom donné aux médiums guérisseurs et aux magnétiseurs qui soignent leurs malades par l'imposition des mains, par des passes et des insufflations. En médecine, le thérapeute est celui ou celle qui applique rationnellement les données de la thérapeutique, et le Grand Larousse de rajouter que : "tout bon clinicien n'est pas nécessairement bon thérapeute". 
 
La thérapie, c'est servir. C'est à dire répondre à une demande, soulager le mal être de celui qui appelle, et ce même s'il s'agit d'un appel inconscient. La thérapie est une relation d'aide. Il existe toutes sortes de thérapies, la psychothérapie, la psychanalyse, l'ergothérapie, la logopédie, la psychomotricité, et tant d'autres. Chacune possède sa propre spécificité, ses champs d'applications et ses stratégies thérapeutiques. 
 
La musicothérapie, elle, prend toute son ampleur, sa valeur, lorsqu'il y a une impossibilité de parole. Ces difficultés d'accès à la parole peuvent être la cause de divers maux. Bien sûr, des problèmes d'ordres psychologique ou/et physiologiques peuvent en être à l'origine, mais n'oublions pas que la communication demeure un problème majeur dans notre système actuel de société. 
 
Ce n'est pas la musique en elle-même qui est thérapeutique, mais elle devient thérapie lorsque, par le biais de différentes techniques, elle se propose comme outil de communication.  
La musicothérapie existe lorsqu'il y a une triangulation: soignant, soigné(s), musique. 
 
En résumé, la musicothérapie constitue une forme de thérapie à médiation artistique. Elle représente une relation d'aide utilisant la musique selon diverses techniques afin de soulager la douleur psychologique et physiologique.  
 
Elle se veut un atout complémentaire aux soins amenés par toute équipe pluridisciplinaire, et ce dans de nombreux secteurs: éducation, ré-éducation, prophylaxie, cemtres hospitaliers(gériatrie et gérontologie, pédiatrie, oncologie, néo-natologie, psychiatrie). 
 
Il s'agit d'une "ouverture de canaux de communication", pour reprendre les termes du musicothérapeute Dr. Rolando Benenzon. 
C'est un moyen d'exprimer, de découvrir, d'analyser ses émotions, de manière non-verbale et/ou verbale par l'intermédiaire d'instruments de musique, de la voix, de musiques diffusées, d'expression corporelle et d'expression picturale. 
 
Je tiens à souligner, pour terminer, que la musicothérapie s'avère être aussi un excellent outil de socialisation, qui permet, entre autre, et notamment, de répondre différemment aux problèmes d'agressivité et de violence latente ou avérée existant dans de nombreux centres scolaires. 
 
Aude Cassina 
Musicothérapeute diplômée de l'Université Paul Valery Montpellier III

 

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Modifié en dernier lieu le 2.02.2006
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